Il semble que le créateur de Wonder Woman n’était pas seulement intéressé par la domination féminine (cf billet précédent) mais qu’il était en fait intéressé par les jeux de domination, le type de jeux qu’on pratique avec des cordes ou des menottes, voire un fouet ou une tapette à cul-cul (voir la page de l’album 31 de Sensation Comics de juillet 1944 dans lequel Wonder Woman, les mains liées, nous adresse un clin d’oeil alors qu’un gros bébé lui fesse le cul). C’est ce qu’on peut lire dans de nombreux articles consacrés à la dame à la culotte étoilée.
Domination/soumission => Maître/esclave. La question de l’esclavage est plusieurs fois abordée dans les premiers albums, comme par exemple dans ces deux cases extraites du numéro 3.
WW avance que les femmes dans le monde des hommes (à la différence du monde des Amazones) préfèrent être des esclaves plutôt que se trouver en concurrence avec les hommes (Ah bon ? Discutable…). La 2ème case est la plus intéressante : WW se fait la réflexion que ce n’est pas un problème d’être un esclave : Le seul tort est de se soumettre à un maître (à un homme donc) ou à une mauvaise maîtresse. Une BONNE maîtresse ferait des merveilles (« Wonders », comme dans Wonder Woman !) avec ces esclaves. WW Dominatrix ?
Pourtant, WW Dominatrice, pas vraiment ! Ou pas seulement… Car une fois passés les vingt premiers numéros dans lesquels WW attrape beaucoup de méchants (généralement des hommes, cf coverbrowser.com) avec son lasso, c’est bien WW elle-même qui se retrouve souvent ligotée. Ci-dessous, à gauche, WW est enchaînée aux pieds d’une ennemie (couverture de l’album 19 de la série de 1987), comme sur la couverture des numéros 24, 106, 117, 146, 158, 161, 162, 200, 206, 207, 209 (c’est maman qui est ligotée), 219, 220, 221 de la série originale de 1941, puis des numéros 82, 83 de la série de 1987.
Au-dessus, à droite, voici une couverture très clairement sexuelle sur laquelle WW attachée et les jambes écartées est la cible d’un gros missile dirigé vers son ventre (illustration d’Al Rio inspirée de la couverture du numéro 229). Dans le même registre (ligotage + gros missile), voir aussi les numéros 68 et 205.
Les histoires de bondage et de jeux sexuels ont pas mal inspiré les commentateurs : Les bracelets d’invincibilité de WW et le fait qu’ils perdent leur pouvoir quand on les couvre de chaînes, feraient référence aux liens du mariage pour certains ou à des jeux avec menottes auxquels les femmes de Marston-Moulton se soumettaient pour d’autres…
Remarquons nénmoins que, quoiqu’en disent les spécialistes (et si on s’en tient aux couvertures), l’incidence des scènes de « bondage » (ou assimilées) n’est guère élevée si on ramène les chiffres aux centaines d’albums publiés. Il y a en fait un petit pic entre les numéros 146 et 221, soit entre les années 1964 et 1975 (Marston était alors mort depuis longtemps).
Enfin, comme dans les BD érotiques japonaises appelées shokushu ou tentacle-hentai (voir la « La plongeuse et le poulpe » et « Tentacules : Du plaisir au viol« ), WW est plusieurs fois assaillie par des tentacules/serpents/queues (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici). Et puisqu’on en est au shokushu, je ne peux pas m’empêcher de présenter la très juste illustration de Marcos Capuz.
Parce que, oui, vous l’aurez deviné : Quand la femme est ainsi ligotée et vulnérable, alors fatalement elle ne tarde pas à se faire pénétrer. Ce n’était peut-être pas l’intention des créateurs et cela n’apparaît pas dans les albums (si ce n’est de manière camouflée sur les couvertures : voir ci-dessus les missiles et les jambes écartées) mais la WW pénétrée est très présente dans l’imagerie parodique des super-héros. On en reparlera.