Archives mensuelles : octobre 2010

1956 : Pendant que Mars flingue, Vénus danse le mambo

1956 : La guerre d’Indochine était finie depuis deux ans mais l’insurrection gagnait du terrain en Algérie, le soulèvement des Polonais était écrasé à Poznan, les bombardiers anglais et français pilonnaient Suez, les Soviétiques écrasaient la révolte hongroise et… brigitte,bardot,vadim,trintignant,jürgens,et dieu créa la femme,film,cinéma,mambo[Image publiée sur bmania.pagesperso-orange.fr]

Ouais, Dieu créa la femme. Pendant que les hommes flinguent, Bardot danse le mambo. Regardez cet extrait ! Ca vaut le coût. Bardot illustre parfaitement le reproche qu’on a trop souvent fait aux femmes : conduite par ses sens plutôt que par la raison. Mais alors… Que dire des hommes ? Jürgens et, surtout, Trintignant, soi-disant amoureux, sûrement jaloux, colérique, violent, hors de contrôle. Alors, qu’est-ce qu’on préfère ? Le flingue ou le mambo ?

Vogue 90 ans : Est-ce que ça vaut 5,90€ ?

Octobre 2010, Vogue-Paris sort le numéro spécial « 90 ans d’excès – Joyeux anniversaire » avec portfolio 27 x 35 cm des « 90 photos les plus audacieuses », le tout sous sachet scellé. 5,90€. Est-ce que ça les vaut ? vogue,paris,octobre,2010,anniversaire,mert alas,marcus piggott,lara stoneFranchement… la photo de couverture les vaut ! Bouche pulpeuse entrouverte, seins lourds aux têtons cachés par des mains gantées en guise de soutien-gorge de dentelles, large collier tour de cou avec camée XVIIIème et masque sophistiqué digne d’une marquise de Merteuil pour ses parties coquines… Ce n’est plus une photo de mode, c’est un accroche-mec. Le type qui n’est pas excité par cette photo… il n’est vraisemblablement pas hétéro. Ce petit chef d’oeuvre de la photographie est signé par le tandem turco-gallois Mert Alas & Marcus Piggot. La fille à la bouche pulpeuse s’appelle Lara Stone.

Guy Bourdin,1981,Portfolio,VogueDans le magazine au format d’annuaire téléphonique (2 cm d’épaisseur !), il n’y a pas que des pubs mais aussi beaucoup de photos et même quelques articles à lire. Quant au portfolio, la plupart des prises de vue m’étaient inconnues (mais je suis pas un spécialiste) même si les photographes sont des stars dans leur profession : Helmut Newton, Guy Bourdin (cliché ci-dessus), Mario Testino, Patrick Demarchelier, Mario Sorrenti… De quoi mettre sous verre. Au prix où sont les posters, ce numéro spécial est plutôt une bonne affaire !

[La couverture de Vogue ainsi que quelques photos du magazine sont visibles sur iTunes qui diffuse la version pour iPad (moins chère !). La photo de Guy Bourdin est visible en meilleure qualité avec plein d’autres sur www.guybourdin.org, rubrique photos, rubrique Vogue]

Portrait par Paul Laurenzi

paul,laurenzi,portraitAlors que la peinture figurative contemporaine est plutôt sinistrée et souvent ringardisée par la photo, on est toujours heureusement surpris de trouver un artiste comme Paul Laurenzi. J’aime beaucoup ce portrait de femme (je préfère nettement à celui de Carla exposé à l’Elysée mais bon…). Pour découvrir l’univers séduisant de cet artiste, 76 toiles vous attendent sur laurenzi-paul.fr.

Le mini est-il toujours sexy ?

Ainsi donc, ça fait déjà soixante-dix ans que les pin-ups hollywoodiennes se baladent en micro mini-jupe ! Soixante-dix ans ! Et en 70 ans, peu de choses ont changé : il est en effet difficile de porter une mini-jupe plus courte que celle de Virginia Mayo ou d’Ann Sheridan (voir article précédent). Il est difficile aussi d’avoir de plus belles jambes. Alors, 70 ans plus tard, est-ce qu’on en a marre ? Est-ce que le mini est enfin devenu ringard ? Est-ce qu’on est passé à autre chose pour affoler l’homme et exciter le mâle ?

A regarder la collection de la société canadienne Polymorphe (site réservé aux adultes mais je ne sais pas très bien pourquoi), pas vraiment ! Le mini -Eh oui !- est toujours indécent, affolant, excitant… sexy, quoi ! polymorphe,latex,transparent,mini-jupe,miniskirt,jupepolymorphe,robe,latex,transparent,mini,miniskirt,mini-jupeAu fait, si ces dames sont les pin-ups avant-gardistes des années 2010, verra-t-on la mini-jupe latex transparente débouler dans nos rues dans quelques années ?

Et si la mini-jupe anglaise était un mythe ?

Revenons sur l’article précédent : la mini-jupe aurait été inventée en Angleterre en 1964 par Mary Quant. Ah bon !? Alors comment expliquer les photos ci-dessous : ann,sheridan,pinup,pin-up,mini-jupe,miniskirt[Photo publiée sur skylighters.org]

Voici Ann Sheridan en mini-jupe (une vraie mini-jupe mini ; pas une mini-jupe à la Courrèges 1965 !). Ann Sheridan est une actrice américaine. elle est née en 1915 et elle a tourné dans plusieurs dizaines de films entre 1934 et 1957. J’ignore la date et l’origine de cette photo récupérée sur le web mais on peut penser qu’elle a été prise avant 1945 (l’actrice aurait eu 30 ans à cette date).

Voici une autre actrice, Virginia Mayo (Elle est la partenaire de Burt Lancaster dans « La Flèche et le Flambeau » de Jacques Tourneur et les plus de 65 ans s’en souviennent très bien.) : virginia,mayo,pinup,pin-up,mini-jupe,miniskirt,minijupe[Photo publiée sur suspense-movies.com]

Elle aussi porte une micro mini-jupe qui ne cache rien de ses jambes magnifiques. Pourtant, Virginia Mayo étant née en 1920, je pense que cette photo (dont j’ignore également tout) a été prise largement avant 1964.

Et que dire des « Hot pants » (shorts courts) ? Il paraît que Mary Quant les aurait inventés après la mini-jupe (donc après 1964). J’en doute. Regardez cette troisième actrice (et deuxième Texane après Ann Sheridan) : Martha Hyer. Aucun doute qu’elle porte des hot pants ! Et si elle a 20 ans sur la photo, alors on est en 1944, soit 20 ans avant 1964. martha,hyer,pinup,pin-up,hot pants,shorts[Photo publiée sur atomicpinup.com]

Ni Mary Quant, ni André Courrèges n’ont inventé la mini-jupe ou les hot pants. D’ailleurs, quand Martha Hyer expose ses gambettes, Mary n’est-elle pas encore à l’école primaire !

Ce sont les actrices hollywoodiennes qui ont osé montrer leurs jambes en premier : Ces centaines de pin-ups qui ont déferlé sur le monde dans les knapsacks des GIs. Elles ont ouvert la voie, montré que c’était possible, donné envie aux hommes. Elles étaient les petites Vénus sur papier glacé des troupes de Mars.

Mary Quant n’est qu’une styliste. Elle a flairé l’air du temps, repris l’idée, industrialisé le concept. Elle a permis à chaque femme d’être à son tour une petite Vénus. Et ça… ce n’est pas si mal.

[Une fois de plus, je dois me contenter de photos glânés sur le web, sans date, lieu ou auteur. Si vous avez plus d’informations, n’hésitez pas à me les communiquer.]

Quand les jupes remontaient d’un genou : Côté mode

Tâchons donc de préciser la date où la frontière du genou a été franchie. Ca devient technique : une affaire de stylistes et de couturiers.harper's bazaar,mode,juin,1960Harper’s Bazaar, juin 1960 : La jupe est encore sous le genou (en fait, dans les années 50, elle descandait même jusqu’au mollet). vogue,septembre,1965,minijupe,miniskirtAh ! Septembre 1965. Le genou est franchi (Sur la couverture de Vogue, la fameuse robe inspirée par « Mondrian » de la collection automne-hiver 1965 d’Yves Saint-Laurent).

En fait, on considère généralement que c’est en 1964 (certains disent 1962) que la mini-jupe a été inventée par l’Anglaise Mary Quant puis importée l’année suivante sur le continent par le Français André Courrèges.  Au début, la mini-jupe n’est pas si « mini », mais plutôt « au-dessus du genou », comme sur ces modèles de la collection printemps-été 1965 de Courrèges (photo sur static.paulsmith.co.uk-cliquer l’image pour voir la HD).Courrèges,minijupe,miniskirt,mode,printemps-été,1965Mais, une fois la frontière franchie, la mini-jupe se rétrécit très rapidement et remonte à mi-cuisses, comme sur ces jeunes femmes autour de Mary Quant en 1968.

Mary Quant,minijupe,genou,1968

Mary Quant (à droite) et trois de ses créations - 1968 - Photo © AP/Wide World Photos visible sur le site fashionencyclopedia.com (cliquer la photo pour y aller)

Quand les jupes remontaient d’un genou : Côté rue

Pour cet article, j’ai décidé de quitter les musées et de sortir à l’air frais. On va faire ça en très bonne compagnie avec trois représentants célèbrissimes de ce qu’on appelle parfois les « photographes de rue ».  Aves eux, on va remonter quelques rues et regarder au passage les femmes sur les trottoirs. Peu à peu, croyez-moi, on verra le bas de leurs jupes remonter.

Commençons avec ce cliché de Robert Doisneau visible sur son site officiel (un site très agréable à visiter avec beaucoup de photos très belles de Paris et des Parisien(ne)s).

Robert Doisneau,Erik Satie,Arcueil

Robert Doisneau - La maison d'Erik Satie à Arcueil - 1945 - Photo du site officiel http://www.robert-doisneau.com (cliquer l'image pour y aller), portfolio "La banlieue"

En haut de cette rue pavée et humide de la banlieue laborieuse de Paris, deux silhouettes de femmes. Pour ce qui nous concerne, regardez bien leur jupe (je sais, c’est petit). Les jupes descendent jusqu’au genou, comme il se doit en 1945.

Voici maintenant une photo de l’Américain Garry Winogrand prise à la fin des années 60 sur le bitume d’un trottoir ensoleillé de los Angeles. Regardez ! Cette fois, les genoux sont largement à l’air.

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Garry Winogrand - LA sidewalk - 1969

[Pour en savoir plus sur Garry Winogrand, je vous conseille cet article sur Photo numérique (c’est là que j’ai trouvé la photo).]

Bon d’accord ! Toutes ces femmes étaient un petit peu loin sur les photos et la taille des jupes sur le cliché d’Arcueil est discutable. Je vous propose donc de refaire le voyage, en plus gros plan. D’abord Paris :

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Willy Ronis - Place Vendôme - 1947

Sur le célèbre cliché de Willy Ronis, la jupe tombe pile sous le genou. Place Vendôme ou Arcueil, même combat. Maintenant, repartons aux USA. A New-York cette fois-ci, pour être précis :

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Garry Winogrand - New-York, 1965 in "Women are beautiful"

En 1965, la jupe est bien au-dessus du genou. [La photo se trouve dans un intéressant article en anglais, pas très positif sur Winogrand, sur american suburb X ]

La jupe a passé la frontière du genou et commencé son ascension le long des cuisses quelque part entre 1947 et 1965. On précisera plus tard.

[La photographie de Doisneau est extraite de son site officiel. Pour Ronis et Winogrand, cette possibilité n’existe pas. J’ai donc pris des photos disponibles sur le web. Pour Ronis, elles ne manquent pas : Tapez « Willy Ronis Place Vendôme » sur Google et regardez les femmes en noir défiler !]

Putain ? Et alors (Par Manet)

Ah ! Les mules d’Olympia !

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Edouard Manet - Olympia - 1863 - Musée d'Orsay, Paris - Image Wikimedia Commons

On l’imagine trotter partout avec ses mules au pied, Olympia. Nue, si ce n’est pour un collier, un bracelet, une fleur dans les cheveux… et ses mules. Parfois, elle jette une robe de chambre sur ses épaules et la noue vaguement à la taille. C’est cette robe de chambre qui est en vrac sur le lit, sous les fesses d’Olympia. Il paraît que c’est une prostituée qui attend le client dans un décor oriental (un décor classique de bordel au 19ème siècle : pour info, lire la petite pièce de Guy de Maupassant, « A la feuille de rose – Maison turque »). Son client lui aurait fait monter des fleurs par le petit groom de service. Il va bientôt se pointer et la sauter pour un gros billet. Et Olympia semble nous dire : « Oui… Et alors ? »

Cette nonchalance dans la nudité m’amuse. Elle n’est pas si fréquente, même à notre époque submergée par les photos porno. J’ai trouvé cette prise de vue de Léo Graas (extraite du site photokonkurs.com) où le modèle a adopté une pose très similaire : le collier, les coussins (qu’on imaginera orientaux…) et sûrement des mules aux pieds ! Leo Graas,photo,indécente,nue,assise,jambes écartées,pubis,poils,odalisque(Ce n’est pas moi qui ai ajouté le cadre : une petite pensée de Léo Graas pour Manet et la belle Olympia qui nous toise depuis son cadre à Orsay ?)

Impudique ? Et alors ! (Par Manet)

Edouard Manet, comme ses petits potes de l’époque, nous a laissé plein de tableaux ensoleillés de jeunes gens en chapeaux et de jeunes femmes à ombrelle. C’est un peu à cause de lui (et de ses potes) si Paris semble si grise de nos jours. Heureusement, Manet nous a aussi laissé autre chose, un autre type de lumière estivale : une ode joyeuse à l’indécence. Ah ! J’aime Manet.

Il y a d’abord ce tableau pas très connu que Manet a réalisé alors qu’il commençait à se faire bouffer par la maladie. Il représente une femme qui  remonte ses bas (ou qui les baisse ?). Ses gros seins débordent de son corset et on ne voit que ça. Elle le sait et ça l’amuse. Rince-toi l’oeil, petit voyeur !

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Edouard Manet - Femme à la jarretière - 1878 - Ordrupgaard, Copenhague - Image Wikimedia Commons

Le tableau suivant est, lui, très connu. Il s’inspire d’une gravure sur cuivre de Marcantonio Raimondi réalisée en collaboration avec Raphael (et que les amateurs pourront retrouver sur le site du Metropolitan Museum de New York). Mais, vous l’aurez compris, quand Raphael montre une scène mythologique peuplée de nu(e)s, Manet, lui, montre une scène actuelle de deux couples impudiques.

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Edouard Manet - Déjeuner sur l'herbe - 1863 - Musée d'Orsay, Paris - Image Wikimedia Commons

Et la femme qui se tourne vers nous semble dire : « Oui… Et alors ? »Edouard,Manet,indécente,nonchalante,nue,assise,déjeuner

Quizz : Qui sont ces femmes au sein droit nu ?

Petit test de connaissance historico-biblo-mythologique. Qui sont ces 5 femmes au sein droit nu peintes par Pieter-Paul Rubens entre 1606 et 1630 ? Pour info, elles défilent par ordre chronologique de réalisation par Rubens.

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Réponses :

Vers 1606-11 – Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid : Vénus (image du musée) / 1615 – Museo Nacional del Prado, Madrid : Cérès (image du musée) / Vers 1615 – The Cleveland Museum of Art : Diane (image Wikimedia) / 1622-25 – Musée du Louvre, Paris : Marie de Médicis (image Wikimedia) / 1626-30 – Museo Nacional del Prado, Madrid : Marie (image du musée)