Une des conséquences de la Révolution industrielle du 19ème siècle, en réaction à la pollution, à l’exode urbain et à l’insalubrité des logements ouvriers, a été le développement des théories hygiénistes et naturistes.
A partir des années 1920, les sociétés naturistes gagnent de nombreux membres et on voit se développer une abondante iconographie d’hommes et de femmes nus occupés à des pratiques sportives dans la nature et, surtout, à la plage. Le phénomène prend une ampleur particulière en Allemagne (où l’on parle de « Frei Körper Kultur » : Culture des corps libres) jusqu’à l’arrivée des Nazis qui commencent par en interdire la pratique avant d’essayer de la récupérer à des fins de propagande raciale.
Eclipsé pendant la guerre, le naturisme reviendra en force dans les années 1950, notamment sur la fameuse plage « Abessinien » de l’île frisonne de Sylt. J’aime beaucoup les slogans inscrits sur le panneau qui avertit le promeneur de son entrée sur le plage nudiste (FKK) d’Abessinien : « Jedem das Seine » (chacun est soi-même) ou « Keiner störe den andern » (personne n’emmerde son voisin !)… Vous voulez continuer ? Et bien, allez-y ! Vous ne voulez pas ? Et bien n’y allez pas ! Remarquez aussi le lien (volontaire ou non ?) entre le naturisme (retour à la nature et au soleil), l’Abyssinie (territoire africain) et le dessin de la baigneuse à la peau bronzée qui se déshabille.
Gerhard Riebicke (1878-1957) n’est pas le seul photographe à l’oeuvre dans le milieu naturiste des années 1920-30. Il y a aussi Lotte Herrlich (1883-1956), Magnus Weidemann (1880-1967), Max Lorenz Nielsen ou Kurt Reichert (1906-?). Ce dernier est connu pour les photos qu’il a publiées dans les portfolios « In Licht und Sonne » et « Von Leibeszucht und Leibesschönheit » en 1940.
Tous ont contribué aux nombreux magazines naturistes de cette époque, tels que « Die Schönheit » (1905-1931), « Soma » (1924-1935), « Lachendes Leben » (« La vie qui rit ! » 1925-1933), « ASA » (1927-1928), « Die Freude » (1923-1929), « Der Figaro » (1924-1933), « Licht-Land » (1924-1933)…
J’aime beaucoup les slogans « révolutionnaires » de tous ces magazines qui montrent la recherche d’une vie alternative : on y parle toujours de liberté (frei), de vie (Leben) et de renouvellement (erneuerung), mais aussi de joie (Freude) et d’art (Kunst) !
Par exemple : Illustrierte Monatszeitschrift für Kunst und Leben (Die Schönheit), Monatsschrift für Körperkultur und Kunst (Soma), Monatshefte für freie Lebensgestaltung (Die Freude), Das Magazin für Körper, Kunst und neues Leben (ASA), Illustrierte Blätter für Freikörperkultur und Lebenserneuerung (Licht-Land)…
NB : Pour trouver une liste des magazines naturistes en Allemagne et dans le monde, voir ici. Vous y trouverez notamment la revue française « Vivre intégralement » (1929-1936) ou le magazine espagnol « Penthalfa » (1932-1934).