Archives de Tag: naturisme

Le nu sain (ou libre ?)

Une des conséquences de la Révolution industrielle du 19ème siècle, en réaction à la pollution, à l’exode urbain et à l’insalubrité des logements ouvriers, a été le développement des théories hygiénistes et naturistes.

gerhard riebicke 1935

Photographie de Gerhard Riebicke – Vers 1935 – Source : anamorfose.be

A partir des années 1920, les sociétés naturistes gagnent de nombreux membres et on voit se développer une abondante iconographie d’hommes et de femmes nus occupés à des pratiques sportives dans la nature et, surtout, à la plage. Le phénomène prend une ampleur particulière en Allemagne (où l’on parle de « Frei Körper Kultur » : Culture des corps libres)  jusqu’à l’arrivée des Nazis qui commencent par en interdire la pratique avant d’essayer de la récupérer à des fins de propagande raciale.

Eclipsé pendant la guerre, le naturisme reviendra en force dans les années 1950, notamment sur la fameuse plage « Abessinien » de l’île frisonne de Sylt.  J’aime beaucoup les slogans inscrits sur le panneau qui avertit le promeneur de son entrée sur le plage nudiste (FKK) d’Abessinien : « Jedem das Seine » (chacun est soi-même) ou « Keiner störe den andern » (personne n’emmerde son voisin !)… Vous voulez continuer ? Et bien, allez-y ! Vous ne voulez pas ? Et bien n’y allez pas ! Remarquez aussi le lien (volontaire ou non ?) entre le naturisme (retour à la nature et au soleil), l’Abyssinie (territoire africain) et le dessin de la baigneuse à la peau bronzée qui se déshabille.

abessinien2

Gerhard Riebicke (1878-1957) n’est pas le seul photographe à l’oeuvre dans le milieu naturiste des années 1920-30. Il y a aussi Lotte Herrlich (1883-1956), Magnus Weidemann (1880-1967), Max Lorenz Nielsen ou Kurt Reichert (1906-?). Ce dernier est connu pour les photos qu’il a publiées dans les portfolios « In Licht und Sonne » et « Von Leibeszucht und Leibesschönheit » en 1940.

Tous ont contribué aux nombreux magazines naturistes de cette époque, tels que « Die Schönheit » (1905-1931), « Soma » (1924-1935), « Lachendes Leben » (« La vie qui rit ! » 1925-1933), « ASA » (1927-1928), « Die Freude » (1923-1929), « Der Figaro » (1924-1933), « Licht-Land » (1924-1933)…

Couverture du numéro d'avril 193 du magazine Licht-Land

Couverture du numéro d’avril 1932 du magazine naturiste « Licht-Land », organe officiel de la Liga für freie Lebensgestaltung (Ligue pour la libre conduite de sa vie)  – Source : fkk-museum.de – Comme la plupart des photos de couverture des magazines naturistes allemands des années 1930, on y voit des jeunes femmes nues et souriantes (les hommes nus sont beaucoup plus rares) dans la nature (plus particulièrement la plage)

J’aime beaucoup les slogans « révolutionnaires » de tous ces magazines qui montrent la recherche d’une vie alternative : on y parle toujours de liberté (frei), de vie (Leben) et de renouvellement (erneuerung), mais aussi de joie (Freude) et d’art (Kunst) !

Par exemple : Illustrierte Monatszeitschrift für Kunst und Leben (Die Schönheit), Monatsschrift für Körperkultur und Kunst (Soma), Monatshefte für freie Lebensgestaltung (Die Freude), Das Magazin für Körper, Kunst und neues Leben (ASA), Illustrierte Blätter für Freikörperkultur und Lebenserneuerung (Licht-Land)…

NB : Pour trouver une liste des magazines naturistes en Allemagne et dans le monde, voir ici. Vous y trouverez notamment la revue française « Vivre intégralement » (1929-1936) ou le magazine espagnol « Penthalfa » (1932-1934).

Le monde à l’envers

Il est temps que je me remette à écrire ! Voici donc mon premier billet de 2012 (et le premier depuis 3 mois). Pour bien commencer l’année, faisons travailler un peu ces messieurs…

Le monde à l’envers, pour ce qui nous intéresse, ce serait par exemple des pubs pleines de bites, au lieu des incontournables et ubiquitaires « femmes à poil ». Certes, United Colors of Benetton avait tenté quelque chose le 9 juin 1993 en étalant des gros plans de sexes d’hommes (mais aussi de femmes, ce qui change tout !) sur une double page dans le journal Libération. Puis il a fallu attendre 10 ans pour avoir ça :

Ca, c’est Samuel de Cubber qui montre son corps (y compris le membre) pour le lancement, en 2002, du parfum pour homme M7 d’Yves St Laurent. Et puis ? Et puis, plus rien (je ne parle pas des millions de bites qui se dressent sur les sites porno et gay, bien sûr)… N’hésitez pas à m’envoyer des preuves de mon erreur mais, que je sache, la bite a de nouveau disparu (mis à part le calendrier du Stade Français, d’où peut-être son succès…).

Franchement, c’est comme ça depuis  longtemps et je me suis amusée à chercher les rares cas où l’homme montre son sexe mais pas la femme.

ADAM ET EVE

Quoi de plus logique que de commencer le court inventaire avec Adam et Eve ? Il y a de très nombreuses représentations d’Adam et Eve mais quand les sexes ne sont pas cachés par une branche, une main ou une feuille, seule Eve nous montre quelque chose. Je n’ai recensé que deux cas de « monde à l’envers » où c’est Adam, seul, qui déballe la marchandise.

Il y a d’abord l’Adam de Masaccio qui nous montre de nouveau sa bite depuis que les restaurateurs ont enlevé les disgracieuses feuilles noires rajoutées par les censeurs du 17ème siècle (Fresque achevée vers 1428 et visible dans la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine à Florence – Source : artinvest2000.com).

Il y a aussi, bien sûr, la très fameuse gravure d’Adam et Eve réalisée par Hans Sebald Beham en 1543 (source : hans-sebald-beham.com) et qui a donné des idées à certains, notamment Scott G Brooks (source : scottgbrooks.com).

Comme à chaque fois qu’on parle d’Adam et Eve, on passe au paradis naturiste (voir article « L’homme et sa femme étaient tous deux nus et ils n’avaient pas honte« ), copie plutôt réussie de l’Eden terrestre, nudiste lui aussi et maintenant disparu. Je pense qu’HSB aurait apprécié ce couple au paradis, dont seul l’homme montre son sexe.


ORESTE ET ELECTRE

Oreste et Electre, frère et soeur, concevront ensemble le plan pour venger la mort de leur père en tuant leur mère (et son amant). Je ne vais pas m’apesantir sur cette histoire pas drôle. C’est la double statue réalisée entre -100 et +100 et exposée au Musée archéologique national de Naples qui m’intéresse : Un homme nu et une femme habillée (remarquez au passage l’égalité de taille et de stature entre l’homme et la femme qui tient son frère par l’épaule dans une attitude très « virile »).

[Photo de gauche sur haverford.edu – Photo de droite prise à la Toronto Pride 2010 – Source : Wikimedia]

Voilà un concept tout à fait « moderne » dans l’erotica masculine. Pour faire bien, on appelle ça CFNM (clothed female, naked male). C’est clairement un truc qu’affectionnent les exhibitionnistes mâles. Il suffit de surfer un peu sur le web pour s’en rendre compte.

PERSEE ET ANDROMEDE

Le Musée archéologique national de Naples possède un autre bel exemple de « CFNM », en l’occurence la peinture murale de Persée et Andromède ponctionnée à la Casa dei Dioscuri de Pompéi (source : viticodevagamundo.blogspot.com).

Persée est un bon vieux héros grec, pourfendeur, coupeur, tueur, vengeur. Il débarasse Andromède du monstre qui la retient captive, l’épouse et lui fait des gosses. Ainsi donc, voici la fille, blanche et vêtue, qui accueille son héros et futur amant/mari, brun et nu.

J’ai cherché des équivalents contemporains mais je ne les ai pas trouvés ! Alors, pour faire une conclusion pas trop absurde et finir comme on a commencé (par une pub), voici une intéressante photo d’une femme vêtue et blonde et d’un homme nu et brun… Il s’agit de la promotion d’une crème anti-rides. Pas monde à l’envers mais marche arrière ?

Le microbikini est-il un bikini ?

En ces temps de fortes chaleurs estivales et de tourisme de masse sur les plages de la Méditerranée, je ne pense pas être la seule à regarder ce que portent mes congénères au bord de l’eau et à me poser la question : « Ce minuscule bout de tissu qui cache à peine le sexe peut-il encore être appelé un maillot de bain ? »


Première réponse : « oui ». Un tout petit bikini rikiki comme ce modèle proposé par Microkini-Beach, quand il est bien placé sur le sexe, il couvre tout. Et si, par derrière, on voit les lèvres , c’est que la mannequin le veut bien.

Si vous considérez avoir l’âge suffisant pour voir des chattes nues ou si, par défaut, vous êtes majeur, alors la galerie est pour vous.

A côté des micro-bikinis « traditionnels », il existe un produit amusant et original : le string-bretelles.

Ce dernier couvre plus ou moins le sexe suivant la façon dont il est ajusté. Bien calé entre les fesses, il fait son office : Une ficelle suffit pour soustraire les orifices aux regards. Par devant, c’est pareil ; Micro ou pas, le bikini cache.

[Cliquer pour voir la galerie]

Le truc fou, c’est l’arrivée massive depuis quelques années de produits ouverts, à la jointure floue entre espaces « textile » et plages nudistes.

En voici deux exemples tirés du même site.

Je passe sur le soutien-gorge : Comme (presque) toutes les femmes sur la plage ont les seins à l’air, le SG ouvert semble presque habillé. Ce qui m’intéresse ici, c’est le slip crotchless.

Si la mannequin écarte les jambes, on voit ça. Alors ? Est-ce encore un slip pour plages « textile » ou faut-il le considérer comme un accessoire fun pour naturiste ? Les lèvres sont apparentes mais la vulve et le prépuce sont couverts. Alors ?

[Cliquer pour voir la galerie]

Voici un autre string qui, cette fois-ci, n’a plus la ficelle centrale.

On ne sera pas surpris que, si la mannequin enlève la main, on voit ça. Cette fois on est clairement dans la nudité. Pourtant, ce qu’on voit est-il si différent ?

[Cliquer pour voir la galerie]

Certain(e)s me diront que cet article n’apporte pas grand chose. Oui, peut-être. En fait, c’est surtout l’occasion pour moi de vous proposer quelques liens vers  des photos de string crotchless parce que, personnellement, je trouve ça très beau. Si vous partagez mon avis, voici d’autres microkinis ouverts portés, cette fois, par Anne-Marie Rios et par Carmen McCarthy.

[Toutes photos visibles sur le site microkini-beach.com]

Les nixes de Nixxxe

Qui douterait que les nixes, naïades et autres ondines sont encore là, dans la nature, les fesses dans l’eau, au milieu des roseaux ? Si vous avez erré dans les forêts allemandes cet été, vous en avez sûrement vu près des étangs, des lacs et de chaque trou d’eau.

Un fabricant allemand (bien sûr !) s’est spécialisé dans le maillot de bain très dépouillé pour ces jeunes filles d’un autre âge, pour qu’elles ne semblent pas aussi nues que les nixes de Cranach. Sans surprise, ce fabricant s’appelle Nixxxe parce que la nudité est naturelle mais la couvrir un tout petit peu, c’est XXX.

Voici Fanny, Sophie, Marlen… Quelques-unes des nymphes d’eau douce qu’on trouve dans les sources et les rivières germaniques (la liste complète est ici)…

Première rangée : Monokini et bikini à anneaux. Deuxième rangée : Deux vues d’un string-bretelles.

Pour finir, je ne résiste pas à une dernière photo de nixe en Nixxxe. Les filles du Rhin étaient-elles brunes ? Pourquoi pas ! Celle-ci fait très bien l’affaire.

[Toutes photos sur nixxxe.com]

Portrait de Diane Webber

diane webber,naturisme,nudisme,seins nus,nudité,pubis poiluSon nom, c’est Diane Webber (1932-2008) pour les afficionados américains du naturisme, les collectionneurs de calendriers avec pinups rétro et les fans de danse orientale (qu’elle pratiqua avec la troupe « perfumes of Araby ») mais les anciens lecteurs de Playboy (éditions de 1955 et 1956) la connaissent sous son nom de jeune fille : Marguerite Diane Empey.

Ce fut difficile de choisir parmi les 26 pages de photos qui lui sont consacrées sur le site myarchives.net mais comme cette femme incarne d’abord un certain idéal du nudiste, je souhaitais la voir dans la nature, et je souhaitais qu’elle nous montre ses seins et aussi son pubis poilu. Pour toutes ces bonnes raisons, j’aime beaucoup ce portrait.

L’homme et sa femme étaient tous deux nus et ils n’avaient pas honte (Genèse 2:25)

« L’homme et sa femme étaient tous deux nus et ils n’avaient pas honte » : C’est le dernier verset du deuxième chapitre de la Genèse. A la fin de deux chapitres consacrés au travail titanesque (ou plutôt divin, en l’occurrence) de création du ciel, de la Terre, de l’eau, de la lumière, de tout ce qui pousse, vole, court ou nage, de l’homme, de la femme… voilà qu’on nous parle de nudité et de honte. Pourquoi ? Qu’est-ce que ça vient faire là ?

Quoi qu’il en soit, « un homme et une femme, nus et sans honte », c’est l’image du bonheur humain au jardin d’Eden. J’ai cherché une illustration en pensant : « Rien de plus facile ! Il y a des tonnes de représentations d’Adam et Eve, tout nus au Paradis. » Rien de plus facile ? Non. Au contraire : très difficile. Impossible même (à ce stade de mes recherches). Savez-vous qu’il est impossible de trouver une image d’Adam et Eve au Paradis sans cette pomme ou ce serpent dans son arbre ou ces feuilles qui viennent cacher le sexe ? Impossible. Cranach ? Baldung Grien ? Titien ? Rubens ? Van Cleve ? Dürer ? Memling ? Van Haarlem ? Reni ? Goltzius… ? Pomme, serpent, pomme, serpent… Même Tamara de Lempicka n’a pas pu s’empêcher de placer une pomme dans la main d’Eve. Mais je n’en veux pas de cette pomme ! C’est pour le chapitre 3 et on n’est qu’au chapitre 2. Alors, où trouver une image de l’homme et de sa femme, nus et sans honte ?

Oublions les grands maîtres ! Il y a plus simple.diane webber,joe webber,naturisme,nudisme,adam et eve,paradis,edenJ’ai pensé à Diane Webber, la papesse du naturisme américain et son mari Joe. The man and his wife were both naked, and they felt no shame. Remarquez que sur la couverture de leur livre paru en 1967, on a recouvert le sexe de Joe par les lettres du titre. Allons ! Nus et sans honte. Voici la photo avec pubis et pénis :

diane webber,joe webber, nudisme,naturisme,nudité,eden,paradis,adam et eve[Photo visible sur le site http://www.lenaturisme.fr]

Avant de passer au chapitre 3 de la Genèse, sa pomme et son méchant serpent, rappelons-nous bien de ceci : la vie idyllique, la vie au Paradis, la vie qu’a voulue Dieu pour les hommes, c’est NUS ET SANS HONTE.