Vous avez le droit de vous étonner. Velázquez, précurseur du cul ? Diego Velázquez ? Celui qui a peint des chevaliers et des infantes d’Espagne, des papes et des cardinaux, des saintes et des paysans, des Christ et des nains ? Oui, celui-là même. Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (1599-1660). Parce qu’il a aussi peint un cul. Un seul. C’était d’ailleurs le seul nu qu’il ait jamais peint (autant qu’on sache). Et ce cul-là était le pur travail d’un précurseur car on n’avait jamais peint un cul comme ça (autant que je sache… et j’espère ne pas me tromper).
Alors ? Qu’est-ce que ce cul a de si original ? Certes, ce n’est pas la première fois qu’on peint un nu allongé. Sûrement pas. Mais c’est la première fois qu’on le peint dans ce sens. Cette « Vénus » allongé nous tourne le dos. Elle nous montre son cul. Et si ce n’était pour le miroir, on ne verrait même pas son visage.
Il faudra attendre 2 siècles pour revoir ce type de peinture. Et je ne pense pas à la « grande odalisque » d’Ingres qui nous montre beaucoup son visage mais très peu ses fesses (voir article « Rallongez-moi ce dos !« ). Je pense plutôt aux toiles de trois autres Français : Lefebvre, Pils et Sieffert.
Jules-Joseph Lefebvre (1836-1911), « Odalisque », 1874, The Art Institute of Chicago |
Isidore Pils (1813-1875), « Study of a reclining nude », 1841, The Cleveland Museum of Art |
Paul Sieffert (1874-1957), « Grand nu », Collection privée ? |
Un de ces trois peintres est un véritable spécialiste de l’odalisque de dos : Paul Sieffert à qui j’ai déjà consacré un petit article (« Les nues allongées de Sieffert« ). L’oeuvre de Sieffert est une rareté car les nues allongées, reclining nudes et autres odalisques sont généralement peintes de face (voir, par exemple, l’article « Seins et hanches » consacré à Zinaïda Serebriakova).