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Portrait de Hannah Holman par Grégory Derkenne

HannahHolmanGregoryDerkenne2011Photographie publiée dans Citizen K, été 2011. Source : gloutir.com

Une nue sans nudité. Superbe !

Pierre et Chair

Je pense à un billet publié il y a déjà longtemps : « Etre à la mode, c’est être nue ?« . Je pense à « Couvertes de bijoux (… et rien d’autre)« .

Voici les photos prises par Grégory Derkenne pour un article du magazine Citizen K de l’été 2011 consacré à la joaillerie.

Vous trouverez ces photos sur les sites de Clémence Cahu et de Laurent Dombrowicz qui ont contribué à l’article. Les photos HD se trouvent sur le site de MyFashionDatabase.

Pour en finir avec les « people » qui prétendent se mettre à nu

Chaque semaine amène son lot de peoples et autres semi-mondaines qui prétendent attirer le photographe avec l’exposition d’un quart de téton ou d’une demi-fesse à l’occasion d’une festivité quelconque.

C’est fini. Qu’elles aillent toutes se rhabiller !

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La people Micaela Schäfer (personne sans aucune utilité avérée, comme tous les peoples dignes de ce nom) vient de se promener à poil – ou plutôt vêtue d’un chapeau, d’un collier et d’un bracelet, le sexe soigneusement camouflé par un petit sac à main – lors du vernissage de l’exposition « Berlin Bohême » organisée par la Gallery Rath au Humboldtbox à Berlin du 1 au 5 octobre dernier. Voici 2 photos de Micaela en compagnie d’Oliver Rath et d’une incommue (vous retrouverez ces photos en HD sur le site icelev ou sur le site d’Oliver Rath).

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Voilà, c’est fait! On ne peut pas faire mieux.

Jambes en M – Le cas de la Lajja Gauri

Surprise par la beauté et la sensualité totalement impudique de cette statue, j’ai décidé de passer un peu de temps à essayer de comprendre ce qu’elle représentait.

Lajja-Gauri-Karnataka

Statue de Lajja-Gauri trouvée au temple chalukya de Naganath près de la ville de Badami, état de Karnataka (Inde) – Sculptée vers 650 après JC – Conservée au musée archéologique de Badami

La tâche est ingrate car malgré les milliers de pages pondues sur le sujet, personne ne semble savoir avec certitude de quoi il s’agit.  Qui est donc cette femme nue (mais couverte de bijoux sur les bras, les pieds, le cou, la poitrine et le ventre) , accroupie avec les jambes largement ouvertes en forme de M, avec les bras en l’air, la poitrine exposée, la tête coupée et remplacée par une fleur de lotus (pour compliquer les choses, elle n’est parfois pas nue et elle a parfois une tête) ?

Suivant qu’on s’intéresse à la position de ses jambes, à son absence de pudeur, à l’absence de sa tête ou à la fleur de lotus qui la remplace ou à d’autres critères encore, on l’appelle « Aditi Uttanapada », « Nagna Kabandha », « Lajja Gauri » et plein d’autres jolis noms. « Lajja Gauri » est le plus fréquent.

Il existerait une centaine de représentations connues de la Lajja Gauri en Inde. Je n’en ai trouvé qu’une poignée sur le web :

1Lajja-Gauri-deccan british museum

Statuette de Lajja Gauri en stéatite de 6,6×7,6cm, datée du 6ème siècle après JC, originaire du plateau du Deccan en Inde et conservée au British Museum à Londres

2Lajja-Gauri-Madhya Pradesh MET

Statuette de Lajja Gauri de 10.3 x 10.3 cm, datée du 6ème siècle après JC, originaire de l’état de Madhya Pradesh en Inde et conservée au Metropolitan Museum à New York

3lajja-gauri-orissa

Plaque N°2 de Lajja Gauri en calcaire de 11×12 cm, datée de la fin du 8ème siècle ou du 9ème siècle, découverte dans le district de Nuapada, état d’Orissa en Inde et conservée par son inventeur, M. Singh Deo

lajja

Statue de Lajja Gauri datée d’environ 650 après JC, originaire du temple de Sangamesvara près de Kudavelli, état d’Andhra Pradesh en Inde et conservée au musée d’Alampur

Certains experts avancent que la position des jambes indique qu’il s’agit d’une femme en train d’accoucher, même si son ventre n’est pas gros et qu’aucun bébé ne pointe le bout de la tête comme on peut le voir sur des représentations de déesses-mères (comme celle de Dharti-Mata, par exemple).

D’autres experts avancent que la position des jambes indique qu’il s’agit d’une femme prête à accueillir une relation sexuelle.

Une déesse de la fécondité dans un cas, une déesse du plaisir dans l’autre ?

D’autres avancent par ailleurs qu’une femme sans tête ne saurait être une déesse mais plutôt une sorte de fétiche. Vu la taille réduite de la plupart des Lajja Gauri représentées ci-dessus, faudrait-il les comparer aux tout aussi énigmatiques « Vénus » préhistoriques retrouvées en Europe ?

Pour ajouter ma touche au débat, je me permettrai de signaler que la position de la Lajja Gauri n’est pas une position érotique « naturelle ». Jambes en M, bras en l’air et seins apparents ?  Non. Quand une femme s’assoit avec les jambes écartées, elle a généralement la poitrine cachée par les jambes et les bras en bas. Voici une des rares photos érotiques de pose en M qui pourrait correspondre à la Lajja Gauri (imaginez une fleur de lotus à la place du visage de Vic E et, surtout, son corps couvert de bijoux) :

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Vic-E dans « The only way I know » – Source : femjoyhunter.com

Amusez-vous à feuilleter les centaines de photos de pose en M sur ce site, aucune ne correspond vraiment à la Lajja Gauri. Peut-on en déduire que cette forme si particulière a été créée un jour quelque part puis, pour des raisons inconnues, copiée et disséminée ?

Post-scriptum : Je mets à jour l’article avec une photo que j’avais complètement oubliée. J’ignore malheureusement le nom de la modèle et du photographe. Et, bien sûr : Trop de chaussures, pas assez de bijoux, trop de visage, pas assez de fleur de lotus… Comme il se doit. Néanmoins, avez-vous remarqué ce qui fait que cette femme n’adopte PAS la pose de Lajja Gauri ?

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Pour moi, le problème vient des bras : La Lajja Gauri lève les bras, certes, mais elle tient aussi quelque chose dans les mains, ce qui n’est pas le cas de la modèle ci-dessus qui passe les mains dans ses cheveux, ce qui rappelle plutôt certaines représentations de Vénus/Aphrodite. Je reviendrai sur la pose de la Lajja Gauri un peu plus tard, quand je parlerai des « maîtresses » du Louristan.

L’importance de marquer le pubis

Alors que je traversais le parvis des Droits de l’Homme, en route vers la place du Trocadéro, je constatais que certaines des statues dorées alignées sur le bord du parvis étaient « graffitées », d’autres non. Seules les femmes nues avaient droit à l’encre du marqueur ou à la colle qu’on tartine sous les affiches. Le lieu du marquage m’a semblé aussi très intéressant : le pubis, toujours.

« Le Printemps » par Paul Niclausse, 1937, Parvis des Droits de l’Homme (Palais de Chaillot, Paris)

Alors, pourquoi le pubis ?

Sans rentrer dans de la psychologie lourde (j’en serais incapable !), on peut supposer ceci :

1. Graffiter, c’est transgresser. Le faire sur l’emplacement le plus intime d’un corps (fut-ce une statue) ajoute du poids à la transgression.

2. Le passant mâle jettera un coup d’oeil sur le pubis (ou les seins) davantage que sur les autres parties du corps. Graffiter le pubis, c’est donc garantir plus de visibilité à son message.

3. En inscrivant son nom à l’endroit le plus intime (sur la photo, il ne s’agit certes pas d’une signature mais le tag de pubis est fréquent : Regardez les statues, les affiches dans le métro…), le type a cherché à marquer son territoire.

4. Le type a pris plaisir a tripoter l’intimité d’une femme ?

Le marquage du pubis n’est pas seulement un truc de mecs. Il intéresse aussi les filles, en particulier celles qui se tatouent le pubis.

Nue au pubis tatoué, Ponderosa Nude Festival 2007, photo de Bryan Le Nu, Wikimedia Commons

Je ne parle pas des filles qui se tatouent partout et, entre autres, sur le bas-ventre. Je pense à celles qui ne le font qu’à cet endroit, comme celle qui pose sur la photo ci-dessus.

Je n’ai aucun doute qu’un tel tatouage prend de l’importance parce qu’il est placé à l’emplacement le plus intime. On pourrait voir ça comme une marque de pudeur : « Je me marque le corps mais personne ne le sait ».  Je pense que c’est le contraire. La fille est « impudique » et tient à le faire savoir, d’abord en confiant son intimité à un tatoueur, ensuite en attirant les regards sur le seul tatouage qu’offre son corps, donc sur l’emplacement de son sexe (ça suppose bien sûr que la fille soit nue). Ainsi, ce qui devrait être caché devient le centre d’attention.

A cela, j’ajouterais que le tatouage du pubis est aussi, peut-être, un choix esthétique. Le sexe photographié ci-dessous, tatoué et percé de boucles d’or, n’est-il pas magnifique ?

Tatouage pubique photographié par Stan Spanker, Wikimedia Commons

Le papillon est un grand classique des tatouages pubiques, comme ici ou ici. La forme triangulaire de la bestiole quand elle déploie ses ailes est bien sûr parfaitement adaptée à la forme du bas-ventre. Les ailes rappellent aussi les lèvres de la chatte (voir « Quand la chatte ressemble au papillon« ). Il y a aussi autre chose, je pense, comme une légèreté, un souffle de liberté…

Futile harnais. Pour habiller la femme presque nue.

Quand on parle de lingerie un peu « osée », alors il faut mentionner « Maison Close » (voir site).

Après le tanga à perles Bracli qui frotte sur le clitoris et après les culottes ouvertes de Damaris, voici un accessoire (un bijou ?) qu’affectionne Maison Close : le harnais.

D’accord, ce n’est pas une nouveauté. Il y a eu le harnais orienté bondage, en cuir, latex ou PVC, de marques comme Fleet Ilya ou (feu ?) Antiseptic Fashion. Il y a eu le harnais de sex-shop, en strass généralement, vendu sous le nom de choker-tie-belt et à l’aspect un peu cheap. Il y a enfin eu (et il y a toujours) les harnais fabriqués dans une gamme de bijoux de corps, entre les bijoux de seins et les bijoux d’épaules, par des créateurs/créatrices de bijoux. J’en cite quelques-uns : Bliss Lau, Litter, Fannie Schiavoni, Justine Clenquet, Léon Rose Magma, Pagan Poetry, (feu ?) Mousseline Chou d’Amour, Sofiyani La, Anita Quansah

Avec Maison-Close, le harnais, en tant que pièce de lingerie ou comme bijou de corps joli et sexy, va enfin se démocratiser.

[En haut : Harnais « A ton cou ». Ci-dessus, de haut en bas et de gauche à droite :  Harnais « A ton cou », Harnais pour shorty (ici sur un string) « Féerie Précieuse », Harnais-string « Soie Chérie », Harnais « Villa Satine »]

A quoi sert le harnais ? A rien, vraiment. En fait, à mettre en valeur les seins qu’il sépare, le cou qu’il enserre, le dos qu’il laisse vierge. Il sert à faire plus joli. Il est utile donc. Il donne de l’originalité. Il fait sortir de l’ordinaire. Il rend sexy. Il excite l’imagination. Il attise les sens. Très utile, donc. Que dis-je ? Indispensable harnais !

Toutes les photos des nouvelles collections Maison-Close sont visibles sur le site Dessus-Dessous.

Courts ou longs, tout est bon ?

Voici encore Jourdan Dunn, encore photographiée par Sølve Sundsbø. Impossible de choisir entre la photo du billet précédent et celle-ci… J’ai donc rajouté cet article pour pouvoir placer les deux.

Ce cliché va nous permettre un petit exercice.

Jourdan Dunn porte généralement les cheveux tirés derrière sa tête. C’est la partie droite de la prise de vue : « Jourdan aux cheveux courts ».

S’il fallait qualifier le visage de la partie droite, quels adjectifs employer (en évitant les banalités comme « belle » ou « sexy ») ?

Malgré les gros bracelets en or et les bretelles de robe du soir, JD aux cheveux courts évoque pour moi l’image d’une « working woman », secrétaire ou cadre sup.

Pour ce qui est des qualificatifs, je pencherai pour « élégante »,  « sérieuse », « sévère ».

Et si on faisait maintenant le même exercice pour la partie gauche, le visage de  « Jourdan aux cheveux longs » ?

Cette Jourdan-là me fait quitter les tours de bureaux et la ville. Je vois une Jourdan dans la forêt ou la savane… Peut-être parce qu’on ne voit plus ses vêtements… Peut-être parce que ses cheveux forment une sorte de crinière…

Cette fois-ci, les qualificatifs qui me viennent à l’esprit sont « sensuelle », « sauvage », « dangereuse ».

Si les cheveux longs sont le voile que la nature a donné aux femmes (dixit Paul de Tarse, bien sûr), alors il faut bien reconnaître que la femme « voilée » dégage un érotisme plus torride. Est-ce vraiment ce qu’on attend d’une femme voilée ? Je ne pense pas. Mais ça explique sans doute qu’on la re-voile, avec du tissu cette fois-ci. On s’en doutait un peu !

Portrait de Jourdan Dunn par Solve Sundsbo

Après deux articles illustrés de blanches aux longs cheveux blonds, voici une noire aux longs cheveux noirs, la mannequin britannique Jourdan Dunn au corps voilé et dévoilé (Il faut que je ponde quelques articles sur la transparence !) photographiée par le Norvégien Sølve Sundsbø .

Au passage, on assiste à une nouvelle démonstration que l’or sied particulièrement à la peau noire.

[ Photo parue dans Vogue Japan mars 2009 – Source : fashionnude]

Le voile anversois au début du 16ème siècle

Van Cleve a peint beaucoup de « madonnes » (avant que son nom ne soit identifié au 19ème siècle, ses oeuvres étaient attribuées au « peintre de la mort de Marie », du nom d’une toile fameuse exposée au musée Wallraf-Richartz de Cologne). Il a aussi peint beaucoup de couples de riches bourgeois de la ville d’Anvers, la ville où il s’est installé comme peintre.

On ignore l’identité du premier couple, peint vers 1520 et maintenant exposé à la galerie des Offices à Florence. Le couple du milieu est composé de Joris Vezeleer, un riche orfèvre et marchand d’art anversois, et de Margaretha Boghe. Cette toile, peinte à la même époque que la précédente, se trouve à la National Gallery of Art à Washington. En bas, voici Joos van Cleve lui-même vers 1530-35 avec sa seconde femme, Katlijne van Mispelteeren (Collection de  la reine d’Angleterre).

Les deux premières femmes portent exactement le même foulard blanc. Van Mispelteeren a adopté une coiffe un peu plus longue. Peut-être la mode a-t-elle changé (au moins 10 ans séparent les deux types de foulard) ou peut-être n’avaient-elles pas les mêmes goûts. Obligation religieuse, tradition vestimentaire ou mode de l’époque à Anvers ? Difficile à dire. Il va falloir  parcourir plus d’images et de textes pour commencer à se faire une idée plus précise sur ce voile si populaire. Notons que les hommes aussi se couvrent la tête et que leurs couvre-chefs sont très similaires.

Tout comme pour le portrait de Kassel (article précédent), on remarque l’attitude pieuse des femmes (elles égrènent toutes un chapelet entre leurs doigts alors que les hommes ne tiennent pas de bible ou d’autres objets religieux) ainsi que le luxe de leurs vêtements et de leurs bijoux (bagues en or pour toutes).

Pour complexifier un peu les choses, voici l’énigmatique couple formé par Anthonis van Hilten et Agniete van den Rijne, daté de 1515, attribué à van Cleve et exposé au Rijksmuseum Twenthe à Enschede (Je ne sais pas qui a attribué un nom au couple mais le site du musée préfère parler d’homme et femme inconnus).

Pas de voile blanc pour Agniete (mais un voile noir) et pas de chapelet non plus ! Elle préfère égrener une grappe de raisins alors qu’Anthonis compte ses pièces… Et que penser de l’étrange devise gravée en français sur le bas du cadre (« AU FORT ?N?FORCE DEPUIS QUE AINSI EST ») ?

Portrait de femme par Joos van Cleve

Dans la galerie de peintures des vieux maîtres du château de Wilhemshöhe (Staatliche Museen, Kassel), il y a un portrait d’homme par Joos van Cleve et il y a aussi le portrait de sa femme, que voici.

Joos van Cleve ou Joos van der Beke (né avant 1485-mort vers 1540) a été un membre important de la corporation des peintres d’Anvers. Il a très souvent peint la vierge Marie et il a aussi exécuté de nombreux portraits. Au total, il a représenté un bon paquet de femmes voilées dont l’inconnue ci-dessus maintenant exposée à Kassel et datée de 1525.

De cette femme au foulard, on remarquera que la mine sévère et l’attitude pieuse (chapelet dans les mains) n’empêchent pas le décolleté généreux, les vêtements opulents et les nombreux bijoux. Intéressant aussi cette façon de maintenir les colliers à l’intérieur de la robe.