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Pour remplacer le poil, le postiche pubique

Voici un accessoire de mode assez étonnant. Il a fait une timide apparition sur certains sites marchands il y a 2 ans (me semble-t-il) et reste, à ce jour, un obscur objet de désir, peu vu, peu connu, peu vendu. Le livre que prépare Kit Darling (photographies par Erika Tanith) va peut-être le médiatiser un peu plus.

merkin how to

Ce que les Américains appellent un « merkin » est un postiche pubique (oui, ça existe !), fabriqué en cheveux, en poils, en laine, en moquette, en gazon artificiel (vu sur American Merkin Project) ou en tout ce qu’on veut, et qui se colle sur un pubis préalablement soigneusement rasé/épilé.

Ca sert à décorer, bien sûr, et moi, je trouve ça assez joli. Ca sert aussi à exciter les sens de ceux qui regardent pusiqu’un merkin ne couvre pas le sexe lui-même et ne s’embarrasse pas de cordons pour rester en place.

L’histoire de l’objet est confuse. J’ai lu deux explications différentes (et il y en a sûrement d’autres) : Il aurait servi, dans les années 1960-70, à couvrir les pubis traditionnellement glabres (cela mériterait une vérification que je n’ai pas faite) des prostituées vietnamiennes pout les GI’s habitués, eux, aux pubis poilus. Il aurait servi, dans les bordels du 19ème siècle, à couvrir les pubis rasés pour cause de morpions ou de poux. Ces 2 explications renvoient à une « obligation » de couvrir le pubis et à l’univers de la prostitution. Pas étonnant dans ce cas, de trouver les merkins chez les danseuses burlesques qui reprennent les codes et les accessoires du strip-tease et des cabarets.

La star du burlesque Michelle L'Amour habillée de cache-tétons et d'un merkin (source : wikipedia)

Michelle L’Amour au travail en 2007 habillée de cache-tétons et d’un merkin (source : wikipedia / Michael Albov)

Je ne peux m’empêcher de rapprocher cette « mode » un peu étrange d’une autre mode récente (et également très confidentielle) qui consiste à coller des bijoux ou des cristaux Swarovski sur le pubis. Dans les deux cas, il s’agit de se raser complèement la chatte pour la couvrir avec autre chose que ses poils naturels.

Cette idée-déco lancée il y a quelques années aux US (me semble-t-il) s’appelle le « vajazzling » (de « vagina » et « bedazzling », soit en français, « envoûtement vaginal »).

L’artiste sud-africaine Frances Goodman a réalisé elle-même et photographié plusieurs « envoûtement vaginaux ». Il est intéressant de lire les commentaires des femmes sud-africaines qui ont participé au projet sur la page « Vajazzling Series – South Africa » (2012) du site de l’artiste, ainsi cette femme qui considère cette expérience comme un moyen d’améliorer son estime de soi et de célébrer le corps de la femme.

Notez qu’il y a aussi une autre « Vajazzling Series » sur le site, réalisée à New York cette fois, avec une variation sur le thème « I Do » dont fait partie la photo ci-dessous :

i do 3 par frances goodman 2012

Que l’on remplace le poil naturel du pubis par du poil artificiel, de la verroterie ou tout autre objet rapporté, la femme commence toujours par se raser ou s’épiler la chatte, ce qui semble une normalité de nos jours. Normalité ? Cela mérite quelques articles de plus…

De même, pour celles qui trouveraient que tout cela va trop loin et qu’il y en a marre de se prendre ainsi la tête sur son bas-ventre, notez le travail de critique (sur le mode « laissez nos chattes tranquilles ! ») par la photographe Rhiannon Schneidermann (Tumblr) qui est décrit dans un article du Huffington Post.

Pour élargir le débat, voir aussi l’article « L’importance de marquer le pubis« .

L’importance de marquer le pubis

Alors que je traversais le parvis des Droits de l’Homme, en route vers la place du Trocadéro, je constatais que certaines des statues dorées alignées sur le bord du parvis étaient « graffitées », d’autres non. Seules les femmes nues avaient droit à l’encre du marqueur ou à la colle qu’on tartine sous les affiches. Le lieu du marquage m’a semblé aussi très intéressant : le pubis, toujours.

« Le Printemps » par Paul Niclausse, 1937, Parvis des Droits de l’Homme (Palais de Chaillot, Paris)

Alors, pourquoi le pubis ?

Sans rentrer dans de la psychologie lourde (j’en serais incapable !), on peut supposer ceci :

1. Graffiter, c’est transgresser. Le faire sur l’emplacement le plus intime d’un corps (fut-ce une statue) ajoute du poids à la transgression.

2. Le passant mâle jettera un coup d’oeil sur le pubis (ou les seins) davantage que sur les autres parties du corps. Graffiter le pubis, c’est donc garantir plus de visibilité à son message.

3. En inscrivant son nom à l’endroit le plus intime (sur la photo, il ne s’agit certes pas d’une signature mais le tag de pubis est fréquent : Regardez les statues, les affiches dans le métro…), le type a cherché à marquer son territoire.

4. Le type a pris plaisir a tripoter l’intimité d’une femme ?

Le marquage du pubis n’est pas seulement un truc de mecs. Il intéresse aussi les filles, en particulier celles qui se tatouent le pubis.

Nue au pubis tatoué, Ponderosa Nude Festival 2007, photo de Bryan Le Nu, Wikimedia Commons

Je ne parle pas des filles qui se tatouent partout et, entre autres, sur le bas-ventre. Je pense à celles qui ne le font qu’à cet endroit, comme celle qui pose sur la photo ci-dessus.

Je n’ai aucun doute qu’un tel tatouage prend de l’importance parce qu’il est placé à l’emplacement le plus intime. On pourrait voir ça comme une marque de pudeur : « Je me marque le corps mais personne ne le sait ».  Je pense que c’est le contraire. La fille est « impudique » et tient à le faire savoir, d’abord en confiant son intimité à un tatoueur, ensuite en attirant les regards sur le seul tatouage qu’offre son corps, donc sur l’emplacement de son sexe (ça suppose bien sûr que la fille soit nue). Ainsi, ce qui devrait être caché devient le centre d’attention.

A cela, j’ajouterais que le tatouage du pubis est aussi, peut-être, un choix esthétique. Le sexe photographié ci-dessous, tatoué et percé de boucles d’or, n’est-il pas magnifique ?

Tatouage pubique photographié par Stan Spanker, Wikimedia Commons

Le papillon est un grand classique des tatouages pubiques, comme ici ou ici. La forme triangulaire de la bestiole quand elle déploie ses ailes est bien sûr parfaitement adaptée à la forme du bas-ventre. Les ailes rappellent aussi les lèvres de la chatte (voir « Quand la chatte ressemble au papillon« ). Il y a aussi autre chose, je pense, comme une légèreté, un souffle de liberté…

Futile harnais. Pour habiller la femme presque nue.

Quand on parle de lingerie un peu « osée », alors il faut mentionner « Maison Close » (voir site).

Après le tanga à perles Bracli qui frotte sur le clitoris et après les culottes ouvertes de Damaris, voici un accessoire (un bijou ?) qu’affectionne Maison Close : le harnais.

D’accord, ce n’est pas une nouveauté. Il y a eu le harnais orienté bondage, en cuir, latex ou PVC, de marques comme Fleet Ilya ou (feu ?) Antiseptic Fashion. Il y a eu le harnais de sex-shop, en strass généralement, vendu sous le nom de choker-tie-belt et à l’aspect un peu cheap. Il y a enfin eu (et il y a toujours) les harnais fabriqués dans une gamme de bijoux de corps, entre les bijoux de seins et les bijoux d’épaules, par des créateurs/créatrices de bijoux. J’en cite quelques-uns : Bliss Lau, Litter, Fannie Schiavoni, Justine Clenquet, Léon Rose Magma, Pagan Poetry, (feu ?) Mousseline Chou d’Amour, Sofiyani La, Anita Quansah

Avec Maison-Close, le harnais, en tant que pièce de lingerie ou comme bijou de corps joli et sexy, va enfin se démocratiser.

[En haut : Harnais « A ton cou ». Ci-dessus, de haut en bas et de gauche à droite :  Harnais « A ton cou », Harnais pour shorty (ici sur un string) « Féerie Précieuse », Harnais-string « Soie Chérie », Harnais « Villa Satine »]

A quoi sert le harnais ? A rien, vraiment. En fait, à mettre en valeur les seins qu’il sépare, le cou qu’il enserre, le dos qu’il laisse vierge. Il sert à faire plus joli. Il est utile donc. Il donne de l’originalité. Il fait sortir de l’ordinaire. Il rend sexy. Il excite l’imagination. Il attise les sens. Très utile, donc. Que dis-je ? Indispensable harnais !

Toutes les photos des nouvelles collections Maison-Close sont visibles sur le site Dessus-Dessous.