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Portrait d’Aphrodite (?) par Indman

igor parfjonov,indmanEncore un très bon photographe russe ! A croire qu’une vague russe est en train de submerger la photographie de nu contemporaine… et c’est très bien ainsi. Indman, de son vrai nom Igor Parfjonov (semble-t-il), est un vrai fan de la position de l’aphrodite capitoline. En voici une illustration. Il y en a d’autres sur son site indman.ru.

Pudeurs modernes : ne cachez que le haut !

La première VENUS PUDICA, celle que Praxitèle a sculptée et que les Cnidiens ont installée dans leur temple (voir article), cachait son sexe, pas ses seins. La variante dite « capitoline » cachait à la fois son sexe et ses seins (voir article). Il manquait une autre variante : celle où la Vénus pudique cache ses seins mais pas son sexe. Les photographes contemporains ont entrepris de combler ce vide.

Cuisses serrées, une jambe pliée, corps déhanché : oui, ce sont bien 3 Aphrodite de Cnide que je vous présente, une variante moderne par 3 excellents photographes de nus.

tomas rucker,aphrodite de cnide,venus pudique,venus pudicaLes photos en noir et blanc de Tomas Rucker sont d’une qualité exceptionnelle . Il s’en dégage une beauté plastique et une froideur que seul peut égaler… le marbre. Ce type, c’est le Praxitèle de la photo. Ca tombe bien.  N’hésitez pas à visiter la « black gallery » de son site  tomasrucker.com.

dan west,liz ashley,venus pudicaOn ne peut pas se lasser de contempler les photos de Liz Ashley par Dan West. Celle-ci avait déjà gratifié le site d’une magnifique photo (voir ici),  elle aussi « cnidienne ».

Liz Ashley incarne parfaitement l’esprit de la Venus Pudica. Remarquez notamment son dos légèrement voûté par l’action de masquer  ses seins (cf le torse d’Aphrodite conservé au Louvre sur le site du musée ou sur wikipedia).

Pour voir d’autres photos par l’excellent Dan West : sublime-nudes.com (réservé aux plus de 18 ans).

jeff davidson,jessica,venus pudica,venus esquilin,cnideEt voici Cosmic frog / Cosfrog /Jeff Davidson (l’habitude qu’ont prise les photographes actuels de se donner des pseudos n’aurait pas étonné un Negreto / Negretti / Palma il Vecchio) dont les modèles adoptent souvent des poses cnidiennes (cf cosfrog.deviantart.com et exposingbeauty.com).

Notez que Jessica n’est pas une « vraie » Venus Pudica comme l’est Liz Ashley : Son dos n’est pas légèrement courbé mais il est cambré (autant que lui permet la position de ses bras). Le dos cambré exprime la défiance, la fierté ou la confiance et non la honte ou la soumission.

Ainsi, même si elle est « pudique » en cachant ses seins, Jessica adopte plutôt la posture d’une variante de l’Aphrodite de Cnide dont on n’a pas encore parlé. Il s’agit d’une Vénus aux cuisses serrées et au déhanchement caractéristique des Vénus de Cnide mais elle n’est pas dans une position de pudicité : ses bras ne tentent pas de cacher une partie de ses attributs sexuels, son dos n’est pas légèrement voûté ; Au contraire, elle se cambre et relève les bras comme pour nouer ses cheveux. On l’appelle « Vénus de l’Esquilin » et nous en parlerons plus tard.

La Vénus doublement pudique (épisode 2, en couleurs)

La Vénus dite « Capitoline » est la variante la plus répandue de l’Aphrodite de Cnide. Elle est même plus connue que l’originale et Sandro Botticelli (1444-1510) n’est sans doute pas étranger à ce succès : Il a en effet peint la plus célèbre Vénus Capitoline dans son tableau « La naissance de Vénus« , exposé à la Galerie des Offices. L’atelier de Botticelli a repris la Vénus, seule sur un fond noir, dans un très beau tableau visible à la Gemäldegalerie de Berlin (Ci-dessous à gauche – Photo © Jörg P. Anders – Cliquer ici pour voir une HD).

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A droite (image wikimedia commons – voir HD), Lorenzo di Credi (1459-1537) a réalisé une variante de la Capitoline (une variante de la variante !). Il s’est amusé à inverser les gestes : Ici, c’est la main droite qui prétend cacher le pubis, comme sur la statue de Cnide. La variante de Di Credi s’éloigne néanmoins du modèle sur d’autres points : Le sexe trop peu caché et les cuisses trop peu serrées en font une Vénus à peine pudique.

Titien (1490-1576), lui, s’est encore plus amusé en transposant la position sur une Vénus assise qui se regarde dans un miroir, tableau qu’imitera plus tard Rubens dans son « Vénus et Cupidon » du musée Thyssen-Bornemisza.

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Vénus au miroir - Titien - vers 1555 - National Gallery of Art, Washington - image visible sur wikimedia commons

Et voici une version moderne de la Vénus doublement Pudica (même posture que la Vénus de Botticelli : jambe droite en avant, main gauche sur le pubis, mains droite sur les seins, tête tournée vers la gauche). C’est une photo pas très courante car, sur les photos de nues – y compris celles de Jeff Davidson -, les femmes ne cachent plus leur sexe, et encore moins leurs seins.

[Female Canvas III par Cosfrog/Jeff Davidson – Photo extraite de son site sur DeviantArt]

La Vénus doublement pudique

L’Aphrodite de Praxitèle à Cnide (cf article précédent) a donné naissance à un avatar qui a mieux réussi que le modèle, car beaucoup plus souvent copié que lui.

Si la Vénus originale était pudique, sa variante est deux fois pudique. Regardez bien ! Vous voyez la différence ?

Cette variante, c’est la Vénus dite « Capitoline » conservée au Palais Neuf des Musei Capitolini de Rome. Comparée à l’Aphrodite que les Cnidiens avaient installée dans leur temple, la Capitoline semble inversée : C’est la main gauche qui couvre le pubis et la jambe droite qui est pliée. Troisième différence : L’autre main de la Vénus couvre en partie les seins au lieu de tenir un tissu. La variante est donc bien plus pudique que l’original.

Et voici, pour finir, un tour d’horizon non exhaustif des principales statues de Vénus de type « Capitoline », en commençant, en haut à gauche, par celle qui a laissé son nom à ce type de représentation de la déesse.

[En haut, de gauche à droite : Vénus Capitoline, Musei Capitolini, Rome – Aphrodite de type « Syracuse », Musée Archéologique National d’Athènes – Vénus pudique du Musée National du Bardo, Tunis. Au centre, de gauche à droite : Vénus Borghese, Louvre, Paris – Vénus de Campo Iemini, British Museum, Londres – Aphrodite « capitoline » de l’Ermitage, St-Petersbourg. En bas, de gauche à droite : Vénus de Médicis, Galerie des Offices, Florence (moulage au musée Pushkin de Moscou) – Aphrodite de Menophantos, Palazzo Massimo alle Terme, Musée National de Rome – Vénus Landolina ou Vénus de Syracuse, Musée Archéologique Régional Paolo Orsi, Syracuse]

Le jour où commença le culte du corps féminin

L’histoire  est belle (cf le témoignage confié par Just Jaeckin à Jean-Philippe Chatrier pour Paris-Match) : La star américaine Jane Fonda propose de poser nue en échange de la destruction de photos d’elle (nue également) prises à la dérobée par un paparazzi. S’en suivra une longue scéance photo de 3 jours près de Saint-Tropez qui ressemble à un hommage au corps nu de Vénus Anadyomène sur les rives de cette même Mer Méditerranée qui l’a vu naître.

C’est aussi une très jolie illustration de la phrase de Jean-Claude Bologne : « La pudeur réside moins dans la dissimulation du corps que dans la qualité du regard qui se pose sur lui » (in « Pudeurs féminines », Editions du Seuil, septembre 2010).

[Photo de Jane Fonda pudique, sur la plage de la Bastide blanche près de Saint-Tropez, août 1966 © Galerie Anne et Just Jaeckin – on trouve aussi cette photo sur le web avec un copyright Just Jaeckin/Sygma/Corbis]

Cette histoire me servira d’introduction à une autre histoire, bien plus connue : Celle du jour où commença le culte du corps nu de Vénus-Aphrodite. C’est un homme, bien sûr, qui créa cet événement : Le fameux sculpteur grec Praxitèle, le jour où il proposa un choix aux citoyens de l’île de Kos pour leur temple d’Aphrodite.

Il leur présenta une alternative à une énième statue d’Aphrodite revêtue d’un long chiton plissé (à l’image de toutes les Grecques dans une société extrêmement machiste où les femmes se montraient rarement en public et jamais nues). Il leur proposa une nouvelle vision de leur déesse : Aphrodite au moment où elle achève de se déshabiller pour prendre son bain ; Aphrodite complètement nue qui cache uniquement son pubis de la main, par pudeur, comme si elle était surprise par un intrus.

Les citoyens de Kos rejetèrent cette nouveauté mais, dans la péninsule d’en-face, ceux de la ville portuaire de Knidos (Cnide), par goût ou par défi, achetèrent la création de Praxitèle et l’installèrent au centre du temple rond dédié à la déesse qui dominait leur ville.

Cnide,Cnidos,Knidos,Aphrodite,Venus,Kos,carte,mapCnide,Cnidos,Knidos,plan,temple aphrodite,venus,port,merDe la ville de Cnide et de son temple d’Aphrodite, il ne reste pas grand chose. Pourtant, le nom est rentré dans l’histoire car, depuis ce jour du 4ème siècle avant JC où les citoyens de la ville ont installé au centre de leur temple circulaire la statue d’Aphrodite offrant son corps entier aux regards des fidèles, c’est cette représentation de Vénus qui s’est répandue dans tout le monde grec puis romain. Du culte de Vénus, on est passée au culte de Vénus nue.

Tout comme son temple, la statue de Praxitèle à été détruite. Les sculpteurs antiques l’ont cependant maintes fois copiée et son image a été préservée sur les pièces de monnaie frappées par la ville de Cnide.

Monnaie en bronze de Cnide représentant l'Aphrodite de Praxitèle, frappée à l'effigie de Caracalla et de Plautilla, Inv. 543, Bibliothèque Nationale de France, Paris - Photo publiée sur un mini-site du Louvre

Fesses serrées et genou gauche plié (ce qui entraîne un déhanchement dans la posture), main droite sur le pubis et main gauche tenant un vêtement au-dessus d’un vase : Voici l’image de l’Aphrodite de Praxitèle.

Plusieurs copies ont traversé les siècles en assez bon état, comme l’Aphrodite du Palazzo Altemps (Musée national de Rome) ou l’Aphrodite Braschi de la Glyptothèque de Münich mais on considère généralement qu’il en est une plus ressemblante à l’originale que les autres : Il s’agit de l’Aphrodite dite « Colonna », conservée dans le cabinet des masques du palais du Belvédère (Musée Pio-Clementino, Vatican).[Image publiée par F.Tronchin sur Flickr. Pour voir une meilleure photo en haute def, cliquer ici]

Coincée dans sa niche, Aphrodite n’offre plus ses fesses aux regards, contrairement à sa glorieuse ancêtre dont on pouvait faire le tour. Voici néanmoins une photo qui vient combler cette lacune (photo prise, semble-t-il dans un atelier de restauration, à moins qu’il ne s’agisse d’un moulage ? Beau cul, en tout cas).

[Photo tirée du livre d’Antonio Corso, The Art of Praxiteles II: The Mature Years, Rome: “L’Erma di Bretschneider”, 2007, et visible sur le site onassis.gr]

Pour ceux qui souhaitent vraiment tourner autour de la statue (ou, plutôt, la faire tourner sous leurs yeux), le virtuelles Antikenmuseum de l’université de Göttingen propose un Quicktime VR, ainsi que 4 photos HD d’un moulage.

Les statues de Vénus qui cachent leur sexe avec la main sont appelées VENUS PUDICA. On se rappellera pourtant qu’aux citoyens de Kos, elle ne semblait pas assez pudique. Idem pour les autorités vaticanes qui, jusqu’en 1932, ont fait ajouter un vêtement à la Vénus Colonna. Un vêtement qui tombe sous les fesses et, par devant, couvre à peine le pubis. Plutôt érotique, tout ça, je trouve… Pudeur ! Pudeur ? Ca veut dire quoi, exactement ?

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Vénus Colonna avant 1932, alors qu'une "jupe" de fortune avait été ajoutée pour lui couvrir les jambes et le sexe - image wikimedia commons